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HUSSERL (1859 - 1938) Article Wikipédia ici

De l'intérêt de sourire quand on fait des photos pour la postérité...

Husserl, auteur difficile, dont la pensée se laisse très difficilement résumer en isolant des extraits du fil

de la lecture. A la relecture de ces notes, je dois avouer que je n'y comprends plus toujours grand-chose...

Le lecteur y piochera ce que bon lui semblera.

Bibliographie :

Ideen zu einer reinen Phaenomenologie, 1913, la trad. française dûe à P. Ricoeur sera donnée dans la pagination allemande.

Méditations Cartésiennes,(1929-31) trad. P.Ricoeur, éd. Vrin

La Crise de l'Humanité Européenne et la Philosophie¸ (1935) (édition, Aubier, Bilingue)

Synopsis des Méditations cartésiennes : Intro : Redevance de la phénoménologie à Descartes, même si le contenu de la doctrine est radicalement révisé. Pour Husserl Les Méditations de Descartes "vise à une réforme totale de la philosophie, pour faire de celle-ci une science à fondements absolus." (Méd. Cartésiennes p.1) Les sciences "ne sont que des membres d'une science universelle qui n'est autre que la philosophie." (ibid 2) Constat de l'état de division des sciences. L'unité a disparu. Constat de la division des philosophies, des philosophes se rencontrent, mais pas la philosophie. Première méditation §3°) Husserl reprend la démarche cartésienne de faire table rase. Difficulté, alors qu'aucune des sciences ne demeurent à titre de paradigme "d'une science à fondement absolu" (p.6) de quel droit admettre la possibilité d'une science telle? Le présupposé de Descartes est une telle science, de "forme" géométrique. Mais Husserl n'abandonne pas ce "but général, qui est de donner aux sciences un fondement absolu." (p.7), seulement ce but devient hypothétique. §4°) : Distinguer la science au sens de "phénomène culturel" (la science telle qu'elle existe) et les sciences "au sens vrai et strict" (p.7). §5 : "le véritable problème du début est celui-ci : quelles sont les vérités premières en soi qui devront et pourront soutenir tout l'édifice de la science universelle?" (p.12) §6 : exigence philosophique d'une évidence apodictique et première en soi. Y-a-t-il des évidences premières, absolues? §7 : L'existence du monde n'est pas une évidence apodictique. §8 : "L'"ego cogito" comme subjectivité transcendentale" (p.16) Le domaine, le pôle du monde objectif dépend de l'ego. §9 :L'ego est-il d'une évidence apodictique? "L'expérience transcendentale du moi ne pourra servir de support à des jugements apodicitiques que si elle est elle-même apodicitique." (p.18-19) § 10 : Descartes ne saisit pas le sens transcendental du cogito. Il reste dans le réalisme transcendental. § 11 : le monde objectif tient sa portée existentielle de mon moi transcendental –qui n'est pas une partie du monde mais ce à partir de quoi il y a monde. Inversement, le monde et les objets ne sont pas des parties de ce moi, ils sont trancendants. Deuxième méd. : §12 : "Le contenu absolument certain qui nous est donné dans l'expérience interne transcendentale ne se réduit pas uniquement à l'identité du "je suis". A travers toutes les données singulières de l'expérience interne réelle et possible –quoiqu'elles ne soient pas absolument certaines dans le détail- s'étend une structure universelle et apodictique de l'expérience du moi, ainsi, par exemple, la forme temporelle immanente du courant de conscience." (p.24) §13 : titre : "Qu'il est nécessaire d'exclure provisoirement les problèmes concernant la portée de la connaissance transcendentale." §14 : "Le courant des "cogitationes". "Cogito" et "cogitatum"". L'intentionnalité : toute conscience est intentionnelle. §15 : "Réflexion naturelle et réflexion transcendentale" §16 :"Digression. Necessité, pour la réflexion "purement psychologique" comme pour la réflexion "transcendentale", de commencer par l'"ego cogito"." "…la tâche que je propose à mes méditations phénoménologiques, c'est de me révéler moi-même comme moi transcendental et cela dans ma pleine concrétion, donc y compris tous les objets intentionnels corrélatifs des actes de ce moi. (p.32) "pour une égologie transcendentale descriptive, comme aussi pour une psychologie de l'intériorité pure (…) il n'est de commencement possible que par l'ego cogito." (p.32-33) §17: "le caractère bi-latéral de l'investigation de la conscience ; le caractère corrélatif de ses problèmes. Directions de la description. La synthèse, forme originelle de la conscience." Exemple du cube. §18 :"L'identification, forme fondamentale de la synthèse. La synthèse universelle du temps transcendentale." L'importance centrale de la synthèse. La vie psychique en son entier pour autant que nous puissons la qualifier comme telle est déjà une synthèse "universelle". §19 : "Actualité et potentialité de la vie intentionnelle" "Les "halos" ou "horizons" sont des potentialités pré-tracées." (p.39) §20 : "L'originalité de l'analyse intentionnelle." Il y a un dépassement du donné (horizon) essentiel à la conscience. §21 : "L'objet intentionnel, "guide transcendental"." §22 : "L'idée de l'unité universelle de tous les objets, et le problème de leur élucidation constitutuve." Troisième méd. : (Les problèmes constitutifs. Vérité et réalité.) §23 : "Précision du concept de constitution transcendentale des notions "raison" et "irraison"." §24 : "L'évidence en tant que donnée originaire. Ses variantes." §25 : "Réalité et quasi-réalité." §26 : "La réalité, considérée comme corrélatif de la vérification évidente." §27 : "Evidence habituelle et évidence potentielle. Qu'elles jouent un role constitutif du "sens" "objet existant"." §28 : "Evidence présomptive de l'existence du monde. Le monde, idée corrélative d'une évidence empirique parfaite." §29 : "Les régions ontologiques matérielles et formelles indices de systèmes transcendentaux d'évidences." Quatrième méd. : §30 : "Les problèmes contitutifs de l'"ego" transcendental lui-même." §31 : "Le "moi" comme pôle identique des "états vécsus". §32 : "Le moi substrat des "habitus"." §33: "La plénitude concrète du moi comme monade, et le problème de son auto-constitution." : distinc. moi / ego. §34 : "L'élaboration des principes de la méthode phénoménologique. L'analyse transcendentale en tant qu'analyse eidétique." Sorte de description de la variation eidétique. §35 : "Digression dans le domaine de la psychologie interne eidétique." §36 : "L'"ego" transcendental, univers des formes possibles d'expérience. Les lois essentielles qui déterminent la compossibilité des états vécus dans leur coexistence et dans leur succession." §37 : "Le temps : forme universelle de toute genèse égologique." § 38 : "Genèse active et passive." §39 : "L'association, principe de la genèse passive." §40 : "Passage au problème de l'idéalisme transcendental." §41 : "L'explicitation phénoménologique véritable de l'"ego cogito" comme idéalisme transcendental." Cinquième méd. (Détermination du domaine transcendental comme "intersubjectivité monadologique") : §42 "Exposé du problème de l'expérience de l'autre; l'objection du solipsisme." Lorsque par l'epoché je me réduis à mon ego transcendental absolu, ne suis-je pas solus ipse? §43 : "Le mode de présentation onto-noématique de l'"autre", thème directeur transcendental de la théorie constitutive de l'expérience d'autrui." §44 : "Réduction de l'expérience transcendentale à la sphère de l'appartenance." Chapitre important : je constitue l'autre comme autre. §45 : "L'"ego" transcendental en qualité d'homme psychophysique; l'aperception de soi-même réduite aux appartenances." §46 : "L'appartenance, sphère des actualités et des potentialités du courant de la conscience" §47 : "L'objet intentionnel appartient, lui aussi, à l'être pleinement concret (monadique) de "l'appartenance"; Transcendance immanente et monde primordial." §48 : "La transcendance du monde objectif comme étant d'un degré supérieur par rapport à la transcendance primordiale." §49 : "Esquisse préalable de l'explicitation intentionnelle de l'expérience de l'"autre"." §50 : "L'intentionnalité médiate de l'expérience d'autrui en tant qu' "apprésentation" (aperception par analogie)." §51 :"L'"accouplement" élément de constitution par association dans l'expérience de l'autre."

Alter-ego : "Si je fais abstraction des autres, au sens habituel du terme, je reste "seul". Mais une telle abstraction n'est pas radicale, cette solitude ne change rien au sens existentiel de l'existence dans le monde, possibilité d'être l'objet de l'expérience de chacun. Ce sens est inhérent au moi, entendu comme moi naturel, et resterait tel, même si une peste universelle m'avait laissée seul dans le monde. Dans l'attitude transcendentale, et dans l'abstraction constitutive dont nous venons de parler, mon ego, l'ego du sujet méditant, ne se confond pas dans son être transcendental propre avec le moi humain habituel; il ne se confond pas avec le moi , réduit à un simple phénomène, à l'intérieur du phénomène total du monde. Il s'agit, bien au contraire, d'une structure essentielle de la constitution universelle que présente la vie de l'ego transcendental, en tant que constituant le monde objectif." (…) "…le second ego n'est pas tout simplement là, ni, à proprement parler, donné en personne; il est constitué à titre d'"alter-ego" et l'ego que cette expression désigne comme un de ses moments, c'est moi-même, dans mon être propre. "L'autre" renvoie, de par son sens constitutif, à moi-même, "l'autre" est un "reflet" de moi-même, et pourtant, à proprement parler, ce n'est pas un reflet; il est mon analogon et, pourtant, ce n'est pas un analogon au sens habituel du terme." (…) "comment se fait-il que mon ego, à l'intérieur de son être propre, puisse, en quelque sorte, constituer "l'autre" "justement comme lui étant étranger", c'est-à-dire lui conférer un sens existentiel qui le met hors du contenu concret du "moi-même" concret qui le constitue." (Méd. Cartésiennes V, §44 p.78-79) "si ce qui appartient à l'être propre d'autrui m'était accessible de manière directe, ce ne serait qu'un moment de mon être à moi, et, en fin de compte, moi-même et lui-même, nous serions le même." (ibid §50 p.91)

Association :"…l'association n'est pas seulement une sorte de loi empirique selon laquelle se combinent les données "psychiques", quelque chose comme une gravitation psychique. L'association embrasse un ensemble étendu de lois essentielles de l'intentionalité qui préseident à la constitution concrète de l'ego pur; elle désigne une région d'apriori "inné", sans lequel un ego en tant que tel aurait été impossible." (Méd. Cart. IV, §39)

Chose matérielle : "l'essence de la chose matérielle implique qu'elle soit une res extensa, et ainsi la géométrie est la discipline ontologique qui se rapporte à un moment éidétique de cette structure de chose (Dinglichkeit), c'est-à-dire à la forme spatiale."(Ideen §9 p.20)"

Conscience : conscience = 1°) Flux + 2°) Intentionnalité "tandis que comme flux le tout de la conscience englobe à titre de composantes la multiplicité de ses phases, qui s'enchaînent en un seul flux, comme intentionnalité, au contraire, la conscience comporte non plus des composantes, mais bel et bien des corrélats, vers lesquels elle est pour ainsi dire "tourné" (…) A la différence de la composante, le corrélat n'entre pas, à titre de partie, dans le tout de la conscience, mais "il lui fait face comme transcendant"" (Beaufret, Leçons… T.II p.341) la conscience est "résidu de l'anéantissement du monde." (Ideen, §49 p .91 trad. Beaufret) "Ainsi la conscience n'est pas une partie du monde, c'est-à-dire une partie d'un tout plus vaste qu'elle, mais "doit être tenue pour un système d'être fermé sur soi, pour un système d'être absolu, dans lequel rien ne peut pénétrer et duquel rien ne peut échapper, qui n'a pas de dehors d'ordre spatial ou temporel et ne peut se loger dans aucun système spatio-temporel, qui ne peut subir la causalité d'aucune chose, ni exercer de causalité sur aucune chose –si l'on admet bien sûr que la causalité a le sens normal de la causalité naturelle, c'est-à-dire d'une causalité qui institue des rapports de dépendance entre des réalités concevables à part l'une de l'autre." (Leçons… T.II p.342 et Ideen, §8 p .18 trad. Beaufret) "La vie naïve est caractérisée par la croyance, non thématisée, en l’existence en soi d’une unique réalité dont ma conscience, comme celle des autres, fait réellement partie et avec laquelle nous entretenons des rapports eux-mêmes réels. Husserl nomme « attitude naturelle » cette thèse d’existence inhérente à la vie spontanée de la conscience. Tout se passe comme si la conscience, fascinée par le spectacle phénoménal qu’elle organise, s’oubliait comme sa source véritable pour s’en saisir seulement comme un figurant." "La réduction, qui pouvait d’abord être comprise comme une limitation, apparaît maintenant comme le moyen de libérer la dimension « créatrice » de la conscience qui, au niveau de l’attitude naturelle, demeurait dans l’ignorance d’elle-même. La conscience ainsi délivrée par l’épochè est une conscience transcendantale, en ce que toute transcendance se constitue en elle, et la phénoménologie doit dès lors être comprise comme phénoménologie transcendantale."(Universalis, art. Phénoménologie) "Toutes les distinctions que j'établis dans l'expérience authentique et l'expérience trompeuse, entre l'être et l'apparence, s'accomplissent dans la sphère même de ma conscience, tout comme lorsque, à un degré supérieur, je distingue entre la pensée évidente et la pensée non-évidente, entre le nécessaire a priori et l'absurde, entre ce qui est empiriquement vrai ou faux. Etre réel d'une manière évidente, être nécessaire pour la pensée, être absurde, être possible pour la pensée, être probable, etc., ce ne sont que des caractères apparaissant dans le domaine de ma conscience de l'objet intentionnel en question. Toute preuve et toute justification de la vérité et de l'être s'accomplissent entièrement en moi, et leur résultat est un caractère du cogitatum de mon cogito." "Mais comment tout ce jeu, se déroulant dans l'immanence de ma conscience, peut-il acquérir une signification objective? Comment l'évidence (la clara et distincta perceptio) peut-elle prétendre à être plus qu'un caractère de ma conscience en moi? C'est là (à l'exception de l'exclusion de l'existence du monde qui n'est peut-être pas tellement sans importance) le problème cartésien que devait résoudre la véracité divine." (Méd. Cart. IV, §40) "Vouloir saisir l'univers de l'être vrai comme quelque chose qui se trouve en dehors de l'univers de la conscience, de la connaissance, de l'évidence possibles, supposer que l'être et la conscience se rapportent l'un à l'autre d'une manière purement extérieure, en vertu d'une loi rigide, est absurde. Ils appartiennent essentiellement l'un à l'autre; et ce qui est essentiellement lié est concrètement un, est un dans le concret unique et absolu de la subjectivité transcendentale. Si celle-ci est l'univers du sens possible, quelque chose qui lui serait extérieur serait un non-sens." (ibid §41)

Distinction moi / ego : "Du moi, pôle identique et substrats des habitus, nous distinguons l'ego, pris dans sa plénitude concrète (que nous allons désigner par le terme leibnitzien de monade, en adjoignant au moi-pôle ce sans quoi il ne saurait exister concrètement. Il ne saurait notamment être un "moi" autrement que dans le courant multiforme de sa vie intentionnelle et des objets visés par elle, s'y constituant éventuellement comme existant pour celle-ci." (Méd. Cartésiennes 4e Méd. §33 p.57)

Ego : "on ne devra penser à aucun titre que, dans notre moi pur apodicitique, nous ayons réussi à sauver une petite parcelle du monde, parcelle qui, pour le moi philosophique, serait la seule chose du monde non sujette au doute" (Méd. Cartésiennes §10 p.21) "L'ego existe pour lui-même ; il est pour lui-même avec une évidence continue et, par conséquent, il se constitue continuellement lui-même comme existant." (ibid 4e Méd. §31 p.55) "…l'ego constitue en lui les "autres", l'"objectivité" et, en général, tout ce qui pour l'ego –que ce soit dans le moi ou dans le non-moi –possède une valeur existentielle." (ibid IV, §41)

Eidétique régionale : "Toute objectivité concrète de caractère empirique s'intègre, ainsi que son essence matérielle, à un genre (Gattung) matériel suprême, à une "région" (Region) d'objets empiriques. A l'essence régionale pure correspond alors une science éidétique régionale, ou, pourrait-on dire, une ontologie régionale." (Ideen §9 p.19)

Epochè : "L’épochè peut donc être décrite comme un mouvement de conversion qui, se détournant de l’emprise du monde, oriente le regard vers les vécus en lesquels se constitue ce monde, c’est-à-dire vers le champ des phénomènes au sens de la phénoménologie. Cependant, si cette épochè donne lieu à une réduction à la seule région de la conscience pure, eidétiquement déterminée, elle ne signifie pas un enfermement dans une intériorité subjective en laquelle le monde serait perdu. Au contraire, l’épochè permet de prendre possession de l’intentionnalité , comme caractère essentiel des vécus : elle désigne cette propriété qu’ont les vécus d’être conscience de quelque chose, de viser une réalité, de sortir d’eux-mêmes. L’intentionnalité ne signifie pas que la conscience se trouve, de fait, en face d’un monde mais, plus profondément, qu’elle n’est elle-même qu’en présence d’un monde. Dès lors, en mettant entre parenthèses la thèse d’existence, l’épochè ne perd pas le monde mais en retrouve le sens véritable, à savoir comme corrélat des vécus intentionnels, pôle d’une visée.  " (R. Barbaras Universalis, art. Phénoménologie) "cette "mise entre paranthèses" du monde objectif, ne nous placent pas devant un pur néant. Ce qui, en revanche et par là même, devient nôtre, ou mieux, ce qui par là devient mien, à moi sujet méditant, c'est ma vie pure avec l'ensemble de ses états vécus purs et de ses objets intentionnels, c'est-à-dire l'universalité des "phénomènes" au sens spécial et élargi de la phénoménologie. On peut dire aussi que l'™poc» est la méthode universelle et radicale par laquelle je me saisis comme moi pur, avec la vie de conscience pure qui m'est propre, vie dans et par laquelle le monde objectif tout entier existe pour moi, tel justement qu'il existe pour moi. (…) A vrai dire, le monde n'est pas pour moi autre chose que ce qui existe et vaut pour ma conscience dans un pareil cogito. Tour son sens universel et particulier, toute sa validité existentielle, il les tire exclusivement de telles cogitationes. En elles s'écoule toute ma vie intra-mondaine, donc aussi les recherches et les démarches ayant trait à ma vie scientifique. Je ne puis vivre, expérimenter, penser ; je ne puis agir et porter des jugements de valeur dans un monde autre que celui qui trouve en moi et tire de moi-même son sens et sa validité. Si je me place au –dessus de cette vie toute entière et m'abstiens d'effectuer la moindre croyance existentielle qui pose "le monde" comme existant, si je vise exclusivement cette vie elle-même, dans la mesure où elle est conscience de "ce" monde, alors je me retrouve en tant qu'ego pur avec le courant pur de mes cogitationes. Par conséquent, en fait, l'existence naturelle du monde –du monde dont je puis parler –présuppose, comme une existence en soi antérieure, celle de l'ego pur et de ses cogitationes. Le domaine d'existence naturelle n'a donc qu'une autorité de second ordre et présuppose toujours le domaine transcendental. C'est pourquoi la démarche phénoménologique fondamentale, c'est-à-dire l'™poc» transcendentale, dans la mesure où elle nous mène à ce domaine originel, s'appelle réduction phénoménologique transcendentale." (Méd. Cartésiennes, §8 p.18) "Par l'™poc» phénoménologique, je réduis mon moi humain naturel et ma vie psychique –domaine de mon expérience psychologique interne transcendentale et phénoménologique. Le monde objectif qui existe pour moi, qui a existé ou qui existera pour moi, ce monde objectif avec tous ses objets puise en moi-même, ai-je dit plus haut, tout le sens et toute la valeur existentielle qu'il a pour moi ; il les puise dans mon moi transcendental, que seule révèle l'™poc» phénoménologique transcendentale." (Méd. Cartésiennes, §11 p.22) "Par l'™poc» nous réduisons le donné réel à la simple "intention" (cogito) et à l'objet intentionnel pris purement comme tel." (Méd. Cartésiennes, §23 p.47)

Erscheinung (apparition) : Bien comprendre la dualité de la notion et distinguer die Erscheinung (l'apparition) et das Erscheinendes (l'apparaissant)

Essence (Eidos) : "L'essence (Eidos) est un objet (Gegenstand) d'un nouveau type. De même que dans l'intuition de l'individu ou intuition empirique le donné est un objet individuel, de même le donné de l'intuition éidétique est une essence pure." "L'intuition des essences elle aussi est une intuition et l'objet éidétique lui aussi un objet." (Ideen §3 p.10-11) "L'Eidos, la pure essence peut-être illustrée par des exemples de caractère intuitif empruntés aux données de l'expérience, à celle de la perception, du souvenir, etc., etc., mais aussi bien aux simples données de l'imagination (Phantasie)." (Ideen §4 p.12) "la position (Setzung) et la saisie de l'essence d'abord par intuition n'implique à aucun degré la position d'une existence individuelle quelconque ; les vérités pures concernant les essences ne contiennent pas la moindre assertion (Bahauptung) relative à des faits ; et donc, d'elles seules, on ne peut non plus dériver la plus mince vérité portant sur des faits. De même que toute pensée (…) la pensée sans contamination, sans mélange du fait et de l'essence –requiert pour fondement sous-jacent la vision des essences." (ibid p.13)

Evidence : "Dans l'évidence, la chose ou le "fait" n'est pas seulement "visé", de façon lointaine et inadéquate ; elle nous est présente "elle-même", le sujet qui juge en a donc la conscience immanente." (Méd. Cartésiennes §3 p.9) "…comme nous l'avons dit, une évidence empirique absolue est une "idée"" (Méd. Cartésiennes §29 p.53-54)

Evidence : "L'évidence est un mode de conscience d'une distinction particulière. En elle, une chose, "un "état de chose", une généralité, une valeur, etc., se présentent eux-mêmes, s'offrent et se donnent "en personne". Dans se mode final (Endmodus), la chose est "présente elle-même, donnée "dans l'intuition immédiate", originaliter." (Méd. Cartésiennes §24 p.48)

Horizon : "Ce "laisser dans l'indétermination" des particularités, -antérieurement aux déterminations effectives plus précises qui, peut-être, n'auront jamais lieu, -est un moment contenu dans la conscience perceptive elle-même ; il est précisément ce qui constitue l'"horizon"." (Méd. Cartésiennes §19 p.39) "tout cogito, en tant que conscience, est, en un sens très large, "signification" de la chose qu'il vise, mais cette "signification" dépasse à tout instant ce qui, à l'instant même, est donné comme "explicitement visé"." "Ce dépassement de l'intention dans l'intention elle-même, inhérent à toute conscience doit être considéré comme essentiel (Wesensmoment) à cette conscience." (ibid §20, p.40) "Je me suis présent avec un horizon ouvert et infini des propriétés internes encore non-découvertes."(ibid V, §46 p.85)

Intentionnalité : "Le mot "intentionnalité" porte au langage cette étrange dimension selon laquelle l'objet n'est plus dans la conscience, sans être cependant en dehors d'elle au sens absolu où Descartes parle de l'existence extra intellectum des choses représentées. Maintenant, l'extérieur est aussi bien à l'intérieur que l'intérieur est au-dehors ; ou si l'on veut, le propre de l'intérieur est d'être non plus retranché en lui-même, mais rejeté de toutes parts dans l'éclaircie d'un monde où la rencontre des choses ne fait jamais défaut. C'est ce rejet de toutes parts que Heidegger nommera Geworfenheit (mot que l'on a traduit sottement par "déréliction")" (Beaufret, Leçons… T.II p.349) "Il est une chose que l'™poc» concernant l'existence du monde ne saurait changer : c'est que les multiples cogitationes qui se rapportent au "monde" portent en elles-mêmes ce rapport ; ainsi, par exemple, la perception de cette table est, avant comme après, perception de cette table. Ainsi, tout état de conscience en général est, en lui-même, conscience de quelque chose, quoiqu'il en soit de l'existence réelle de cet objet et quelque abstention que je fasse dans l'attitude transcendentale qui est mienne, de la position de cette existence et de tous les actes de l'attitude naturelle. Par conséquent, il faudra élargir le contenu de l'ego cogito transcendental, lui ajouter un élément nouveau et dire que tout cogito ou encore tout état de conscience "vise" quelque chose, et qu'il porte en lui-même, en tant que "visé" (en tant qu'objet d'une intention) son cogitatum respectif. "Le mot intentionalité ne signifie rien d'autre que cette particularité foncière et générale qu'a la conscience d'être conscience de quelque chose, de porter, en sa qualité de cogito, son cogitatum en elle-même"" (Méd. Cartésiennes §14)

kategoriale Anschauung (intuition catégoriale) : "L'intuition ne porte en effet pas seulement sur des objets empiriques, pas même seulement sur des essences matérielles, mais, plus profondément, sur les catégories elles-mêmes, qui sont le substrat invisible de tout langage entendu comme lšgein ti kat£ tinÒj ("dire quelque chose à propos de quelque chose"). Par l'intuition catégoriale, l'eidétique remonte jusqu'à la racine même du lÒgoj." (Beaufret, Leçons… II, p.337) "Nous sommes au-delà de Kant. Pour Kant, l'intuition pouvait être empirique (voir la couleur rouge). Elle pouvait être a priori (voir intuitivement le pur espace qui est un rien). Mais, pour Kant, la catégorie était trans-intuitive. Notre connaissance, dit Kant, se compose de "deux pièces indépendantes" : l'intuition et le concept. Pour accorder en une connaissance ces deux pièces indépendantes, Kant devra soulever la question du schématisme, qui est l'art, "caché dans les profondeurs de l'âme humaine", de sensibiliser les concepts sans pour autant les déconceptualiser (...) Schématiser, c'est penser les concepts sous l'horizon du temps. On peut dire que Husserl, formant l'idée d'intuition catégoriale, aborde la question avec plus de simplicité et d'ampleur que Kant lui-même. L'intuition a pour objet non seulement l'empirique, non seulement l'essence matérielle, mais même l'essence formelle qu'est la catégorie." (ibid p.338)

Lecture husserlienne de Descartes : "En fait de réalité absolue et indubitable, le sujet méditant ne retient que lui-même en tant qu'ego pur de ses cogitationes, comme existant indubitablement et ne pouvant être supprimé même si ce monde n'existait pas." (Méd. Cartésiennes p.3) "Avec lui <Descartes> la philosophie change totalement d'allure et passe radicalement de l'objectivisme naïf au subjectivisme transcendantal (…)" (ibid p.3)

Méditation : à propos de Descartes "ces méditations dessinent le prototype du genre de méditations nécessaires à tout philosophe qui commence son œuvre, méditations qui seules peuvent donner naissance à une philosophie." (Méd. Cartésiennes p.2)

Moi : "Ce moi et sa vie psychique, que je garde nécessairement malgré l'™poc», ne sont pas une partie du monde ; et si ce moi dit : Je suis, Ego cogito, cela ne veut pas dire : Je, en tant que cet homme, suis." (Méd. Cartésiennes §10 p.21) "Si cette "transcendance" d'inhérence irréelle (irreellent Beschlossenseins) appartient au sens propre du monde, alors le moi lui-même, qui porte le monde en lui à titre d'unité de sens (Sinneseinheit) et qui par là même en est une prémisse nécessaire, ce moi s'appelle transcendantal au sens phénoménologique du terme, et les problèmes philosophiques issus de cette corrélation, problèmes philosophiques transcendantaux." (Méd. Cartésiennes §11 p.22-23) "le moi permanent lui-même, pôle des déterminations permanentes du moi , n'est pas un état vécu, ni une continuité d'"états vécus", nien qu'il se rapporte, par de tells déterminations habituelles, au courant des "états vécus". (ibid §32 p.57)"

Monde : "Le monde est la somme des objets d'une expérience possible et d'une connaissance possible par expérience, la somme des objets qui, sur le fondement de l'expérience actuelle (aktueller), peuvent être connus dans le cadre d'une pensée théorique correcte." (Ideen §1 p.8) "Il appartient au "phénomène transcendental" du monde d'être donné directement dans une expérience concordante" (Méd. Cartésiennes V, §44 p.79)

Noèse : "activité spontanée de la conscience, en tant qu'elle joue un rôle animateur par rapport à l'être brut de la Ûlh " (Beaufret, Leçons… T.II p.348)

Phénoménologie : "La phénoménologie semble pouvoir se définir : théorie transcendantale de la connaissance." (Méditations Cartésiennes, §40 p.69) "Dès les Recherches logiques , le sens philosophique de la phénoménologie est clairement établi : il réside dans l’idée d’une corrélation a priori et universelle entre l’objet transcendant et ses modes subjectifs de donnée. Autrement dit, la phénoménologie a pour projet de préserver la transcendance du réel tout en respectant sa relativité à la conscience, ce qui revient à en nier l’existence en soi." "toutes les phénoménologies authentiques tentent, chacune à leur façon, d’élaborer l’a priori de la corrélation, c’est-à-dire de penser la cooriginarité de l’homme en sa finitude et du monde en sa transcendance." (R. Barbaras Universalis, art. Phénoménologie) "L'explicitation phénoménologique élucide ce qui est "impliqué" par le sens du cogitatum sans être intuitivement donné (par exemple l'"envers" de l'objet), en se représentant les perceptions potentielles qui rendraient le non visible visible." (Méd. Cartésiennes §20 p.41) Phénoménologie : "C'est un idéalisme qui n'est rien de plus qu'une explicitation de mon ego en tant que sujet de connaissance possibles." (ibid IV, §41)

Phénoménologie heideggérienne : "Une pensée rigoureuse de l’ouverture de l’homme au monde ne doit plus passer par une simple purification de la conscience transcendantale, mais bien plutôt par son rejet. Les philosophies du sujet déterminent inévitablement celui-ci comme substance et s’interdisent ainsi l’accès à un sens d’être plus originaire, que Heidegger vise précisément à mettre au jour. La radicalité de cette démarche est commandée par le point de départ. Heidegger porte au premier plan le souci ontologique qui animait déjà la phénoménologie husserlienne : la tâche de la philosophie est de poser à nouveaux frais la question de l’être, de s’ouvrir l’accès au sens même de l’être, en tant que distinct des étants (les « choses » qui sont). Cette interrogation sur l’être passe par l’élucidation d’un étant singulier, le Dasein  (être-là), que nous sommes et qui a précisément le pouvoir de poser la question de l’être, pour lequel il y va donc de l’être en son être même. Loin d’être déterminable à partir de la subjectivité, le Dasein  a pour essence l’existence comme être-au-monde. Le but de l’analytique existentiale, déployée dans Sein und Zeit  (1927), est de dégager les structures du Dasein  en tant que structures de son être-au-monde. Il est incontestable que, ce faisant, Heidegger donne à l’intentionnalité un fondement véritable et déploie jusqu’au bout l’intuition husserlienne de la corrélation, c’est-à-dire de l’essence de l’être comme vérité ou dévoilement." (R. Barbaras Universalis, art. Phénoménologie)

Pôle d'identité : "A toute conscience qui est conscience de quelque chose appartient donc cette propriété essentielle : non seulement elle peut, d'une manière générale, se transformer dans des modes de conscience toujours nouveaux, tout en restant conscience d'un objet identique, objet intentionnellement inhérent, comme sens objectif identique, à ses modes dans l'unité de la synthèse, mais toute "conscience de quelque chose" peut le faire et ne peut le faire que dans et par ces horizons d'intentionalité. L'objet est pour ainsi dire un pôle d'identité, donné toujours avec un "sens" "pré-conçu" et "à" réaliser." (Méd. Cartésiennes §19 p.39)

Psychologie : "Le moment n'est-il pas venu de dégager de la psychologie une eidétique qui la sous-tend à l'insu des psychologues, pour permettre à la science de l'esprit de faire des progrès comparables à ceux de la physique à partir du moment où elle est devenue mathématique." (Beaufret, Leçons… T.II p.339)

Réalité : "En mettant "hors circuit" l'idée métaphysique d'un "monde réel", rien, dit Husserl, "n'est dénaturé dans la réalité effective des choses, rien même n'en est nié, mais nous écartons une interprétation absurde quii contredit le sens propre de cette réalité, telle qu'il est élucidé dans l'évidence." (Leçons… T.II p.343 et Ideen, §55 p .107 trad. Beaufret)

Réduction phénoménologique : "La réduction phénoménologique est le passage d'un repérage naïf –je suis une conscience insérée elle-même dans un monde – à un nouveau repérage, par rapport auquel le premier apparaît comme naïf, cette naïveté cachant en elle une absurdité phénoménologique." (Beaufret, Leçons… T.II p.344) A l'insularisation de la conscience dans le monde chez Descartes, répond, chez Husserl "l'illimitation (Entschränkung) de la conscience à la mesure d'un monde, qui est la naissance du monde lui-même à sa vérité phénoménologique." (ibid) Avec Husserl, l'avancée concernant le doute cartésien , c'est que "Nous nous sommes simplement libérés d'une hypothèse superflue : celle de l'être d'un arbre qui aurait à correspondre, dans l'inaccessible, à l'arbre qui est déjà par lui-même le "corrélat intentionnel" de ma perception. En d'autres termes, rien n'est "mis entre parenthèses" que pour apparaître d'autant mieux "entre guillemets"" (ibid p.345)

Réflexion naturelle : en elle, "nous sommes placés sur le terrain du monde, du monde posé comme existant" (Méd. Cartésiennes §15 p.28)

Réflexion transcendentale : "Au contraire, dans la réflexion phénoménologique transcendentale, nous quittons ce terrain, en pratiquant l'™poc» universelle quant à l'existence ou la non-existence du monde." (Méd. Cartésiennes §15 p.28)

Réification : "Qui nous sauve d'une réification de la conscience est le sauveur de la philosophie voire son créateur." (Husserl, 1920) "Suivre le modèle des sciences de la nature signifie presque inévitablement réifier la conscience, ce qui d'emblée fait qu'on s'empettre dans un contresens où ne cessera de s'alimenter la propension à poser de manière absurde des problèmes et à lancer le recherche dans de fausses directions." (La Philosophie comme Science rigoureuse, p.41)

Science eidétique, science de faits : "Si toute science eidétique est, par principe, indépendante de toute science de faits, c'est au contraire l'inverse qui est vrai pour les sciences de faits. Il n'en est aucune qui, ayant atteint son plein développement de science, puisse rester pure de toute connaissance eidétique et donc indépendante des sciences eidétiques formelles ou matérielles." (Ideen, §8 p .18 trad. Beaufret) N.B : selon Beaufret, pour Husserl, une science de faits peu se développer sans eidétique, mais elle ne le fait alors qu'à tâtons. Heidegger dira que la Physique d'Aristote n'était pas tâtonnement, mais relative à une eidétique différente.

Schéma des sciences éidétiques:

1°)Formelle (ou "mathesis universalis" formelle)

a°)Logique formelle

b°)Disciplines constituant l'ontologie formelle : (lois de l'objectivité en général, arithmétique…)

2°)Matérielle. Les édiétiques "régionales" qui traitent du genre suprême de chaque région (ex. région chose, région conscience) sont l'illustration fondamentale de ce groupe d'éidétiques.

"toute science portant sur des faits (toute science empirique) trouve dans des ontologies éidétiques des fondements éidétiques essentiels." "C'est ainsi par exemple qu'à toutes les disciplines ressortissant aux sciences de la nature correspond la science éidétique de la nature physique en général (l'ontologie de la nature), dans la mesure où à la nature de fait correspond un Eidos susceptible d'être saisi dans sa pureté, "l'essence" de nature en général et, incluse dans cette essence, une richesse inépuisable d'états de choses éidétiques." (Ideen §9 p.19)

Sujet transcendantal : "le sujet transcendantal n'est point hors du monde ; au contraire il est fondation du monde. (…) Découvrir le sujet transcendantal c'est précisément fonder la croyance au monde." (Ideen, intro de Ricoeur p29

Synthèse : ""ce" cube individuel m'est donné d'une façon continue comme une unité objective, et cela dans une multiplicité variable et multiforme d'aspects (modes de présentations) liés par des rapports déterminés. Ces modes ne sont pas, dans leur écoulement, une suite d'états vécus sans liaison entre eux. Ils s'écoulent, au contraire, dans l'unité d'une "synthèse", conformément à laquelle c'est toujours du même objet –en tant qu'il se présente- que nous prenons conscience." (Méd. Cartésiennes §17 p.34) "L'existence réelle d'un monde, -donc celle du cube ici présent – est mise par l'™poc», "entre parenthèses"; mais le cube donné apparaissant comme un et identique est toujours "immanent" au courant de conscience, est descriptivement "en" lui, comme l'est descriptivement le caractère d'être "identiquement le même"." (…) "l'objet de la conscience, qui garde son identité "avec lui-même" pendant que s'écoule la vie psychique, ne lui vient pas du dehors. Cette vie elle-même l'implique à titre de sens, c'est-à-dire d'"opération intentionnelle" (intentionale Leistung) de la synthèse de la conscience." (…) "Mais le même cube –le même pour la conscience- peut-être présent à la conscience (en même temps ou successivement), en des modes de conscience séparés et très différents, par exemple dans des perceptions, souvenirs, attentes, jugements de valeur, etc., isolés les uns des autres. Là encore c'est une synthèse qyu réalise la conscience de l'identité dans l'unité d'une conscience, dépassant et embrassant ses états isolés, et rendant ainsi possible toute connaissance de l'identité." (Méd. Cartésiennes §18 p.36) "Mais la synthèse n'est pas seulement le propre de chaque état de conscience individuel, et elle ne lie pas seulement par occasion des états individuels à d'autres (…) toute la vie psychique dans son ensemble est unifiée de manière synthétique. Il s'ensuit que cette ve est un cogito universel, qui embrasse de manière synthétique tous les états de la conscience individuels pouvant émerger de cette vie." (ibid p.37)

Synthèse passive : "Grâce à cette synthèse passive (qui englobe ainsi l'œuvre de la synthèse active), le moi est toujours entouré d'"objets". Le fait que tout ce qui affecte mon moi –le moi de l'ego "pleinement développé" – est aperçu comme "objet", comme substrat des prédicats à connaître, est dû déjà à cette synthèse passive." (Méd. Cart. IV, §38) "Le principe universel de la genèse passive qui constitue tous les objets que "trouve" l'activité s'intitule l'association." (ibid §39)

Variation eidétique : "La forme spatiale de la chose physique ne peut par principe se donner que par de simples esquisses unilatérales." (Ideen, I, §3) "En partant de l'exemple de cette perception de la table, modifions l'objet de la perception, -la table, -d'une ménière entièrement libre, au gré de notre fantaisie, en sauvegardant toutefois le caractère de perception de quelque chose : n'importe quoi, mais… quelque chose. Nous commençons par modifier arbitrairement –dans l'imagination – sa forme, sa couleur, etc.; en ne maintenant que le caractère de "présentation perceptive". Autrement dit, nous transformons le fait de cette perception, en nous abstenant d'affirmer sa valeur existentielle, en une pure possibilité entre autres pures possibilités, parfaitement arbitraires, mais cependant pures possibilités de perceptions. Nous transférons en quelque sorte la perception réelle dans le royaume des irréalités, dans le royaume du "comme si", qui nous donne les possibilités "pures", pures de tout ce qui les attacherait à n'importe quel fait. Dans ce dernier sens nous ne conservons pas les attaches de ces possibilités à l'ego empirique, posé comme existant ; nous entendons ces possibilités comme purement et librement imaginables, de sortes que nous aurions très bien pu, dès le début, nous servir, comme d'un exemple, d'une perception imaginaire sans rapport au reste de vie empirique. Le type général de la perception est de la sorte élucidé dans la pureté idéale. Privé ainsi de tout rapport au fait, il devient l'"eidos" de la perception, dont l'extension "idéale" embrasse toutes les perceptions idéalement possibles, en tant que purs imaginaires. Les analyses de la perception sont alors des "analyses existentielles". (Méd. Cartésiennes §10 p.21)

Vérité : Avec l'abolition du monde : a) Pour Descartes, il reste sûr que je suis autant que je pense, mais mes idées ne peuvent plus avoir la perfection d'être vraies. b)Husserl : mes idées ont le même statut qu'auparavant. "la négation ou la mise hors circuit du monde n'ôte absolument rien au vrai monde, qui est le monde de la conscience, c'est ce que Husserl nomme dès 1900 la "réduction phénomenologique" (Leçons… T.II p.344) De Descartes à Husserl, on passe d'une conception de la conscience comme clôture à celle d'ouverture. "il ne manque rien à notre monde pour être pleinement monde." (Beaufret, Leçons… T.II p.352)